anne-sophie-pic

Minutieuse et créative, Anne-Sophie Pic partagera sa passion lors de la 5ème Fête de la Gastronomie, les 25,26 et 27 septembre prochain.

Créative et audacieuse, il n’en fallait pas moins à Anne-Sophie Pic pour devenir l’une des figures de notre gastronomie française. A 46 ans, la valentinoise est aujourd’hui la seule femme française à avoir décroché le graal de tout cuisinier : trois étoiles au Guide Michelin pour son restaurant La Maison Pic.

De nature passionnée et volontaire, celle qui ne se destinait pas –au départ- à la cuisine souhaite aujourd’hui partager son métier avec le plus grand nombre. C’est donc sans hésiter qu’elle a accepté de relever la mission donnée par Sophie Mise Le Bouleise, commissaire en charge de la Fête de la Gastronomie, en devenant la marraine de cette 5ème édition portée par le thème « Créativité et Audace ». Afin d’en savoir plus sur le rôle qui lui est confié et les missions qui seront réalisées, nous sommes donc allés à la rencontre d’Anne-Sophie Pic pour une interview révélation.

Pourquoi avoir accepté d’être la marraine de cette nouvelle édition ?

Tout d’abord, parce que je trouve que fêter la gastronomie est essentiel car elle fait partie de notre identité et de notre patrimoine culturel, sociétal et artistique. La gastronomie française est le reflet de la diversité de nos terroirs et territoires, de notre histoire et de notre créativité. Ensuite parce que je suis très sensible aux valeurs d’échange, de partage et de convivialité que la fête porte et qui sont pour moi à la base même de mon métier de chef.

Guillaume Gomez, le parrain de la précédente édition, a réussi à porter ces trois jours en véritable événement médiatique. Lui succéder n’est forcément pas chose facile, ressentez-vous de la pression ? 

Pas le moins du monde. Je suis très heureuse d’être la marraine de cette 5ème édition parce que la thématique de l’audace et de la créativité résonne particulièrement dans mon parcours. Même si je suis fille de chef, je ne me destinais pas au métier de cuisinière. J’ai fait une école de commerce et lorsque je suis arrivée en cuisine, j’ai beaucoup fait appel à mon intuition et mes émotions pour m’aider à construire mes plats. Il m’a fallu beaucoup d’audace et de créativité pour suivre mon instinct et penser une cuisine qui me ressemble, faite d’associations de saveurs inédites, complexes. En cuisine, je suis toujours sur le fil, à la recherche de l’équilibre entre la puissance des goûts, la complexité aromatique et la délicatesse de l’expression.

En tant que cuisinière, qu’est-ce que le thème « créativité et audace » vous évoque-t-il ?

Ce thème évoque la capacité d’un pays comme la France, riche d’une tradition gastronomique de plusieurs siècles, à innover, à être dans le mouvement. On pense souvent, à tort, qu’avoir une histoire, des traditions culinaires a pour corollaire une certaine muséification de la cuisine. Je ne suis pas du tout d’accord avec cette analyse. Etre capable de structurer une pensée culinaire n’est pas synonyme d’un manque de créativité, bien au contraire ! Je crois profondément en la capacité de la gastronomie française à innover, à se réinventer, à allier tradition et modernité, capacité à penser et à faire… Je suis certaine que cette 5ème édition me donnera raison !

En cuisine, les femmes sont-elles plus créatives et audacieuses que les hommes ?

Je ne dirais pas cela. Ce n’est pas parce qu’audace et créativité sont des substantifs féminins qu’’elles riment avec féminité ! Je ne pense pas que l’on puisse attribuer un genre à la créativité. Les femmes se laissent peut-être plus guider par leur sensibilité et leur intuition.

En mettant en avant ce thème, on montre à chaque français qu’il est possible d’être créatif et audacieux. N’y a-t-il pas une grande part d’innée dans ces deux termes ? Si non, comment peut-on le devenir ?

Il y a peut-être une forme de prédisposition, une certaine forme de sensibilité. Mais comme pour tout, il y a surtout du travail, une curiosité insatiable, une ouverture au monde et de l’envie. Tout s’apprend, je suis bien placée pour le savoir. Il faut nourrir son imaginaire, favoriser les rencontres avec des produits, des producteurs, des artistes, des universitaires… Je crois beaucoup à la fertilisation croisée entre des univers différents.

 Pourquoi avoir choisi la tartine comme symbole de créativité et d’audace ?

Parce que le pain est un élément clé de notre alimentation et un symbole de partage et d’accessibilité. Parce que le pain est synonyme de gourmandise. Parce que c’est un produit qui subit une fermentation naturelle et que la fermentation c’est la vie ! Parce que le pain est un support extraordinaire pour les associations de saveurs qui caractérisent ma cuisine et qu’on peut faire du pain de manière gastronomique. Je trouve que l’audace consiste à sublimer des produits simples, du quotidien. Dans mon restaurant de Valence, je propose du pain à la bière, au café, au genmaïcha… Je travaille différents types de farines et de levain. Le terrain de jeu est infini avec le pain !

La tartine 3 étoiles façon Anne-Sophie Pic, ça donne quoi ?

Cela donne un cube végétalisé qui réserve une surprise lorsqu’on croque dedans. Pour moi, la dégustation ne doit pas être un exercice linéaire, chaque bouchée doit révéler des saveurs différentes, qui se répondent entre elles. Inutile d’insister, vous n’en saurez pas plus !

Dans le cadre de la Fête de la Gastronomie, proposerez-vous d’autres activités (telles que l’ouverture de vos cuisines au public ou autre…) ?

Oui nous avons imaginé un certain nombre d’activités comme une exposition photo place du Palais Royal à Paris mettant à l’honneur les métiers et les gestes de créateurs. Bien entendu, l’agenda sera également très riche à Valence, ma ville natale, où je serai présente le dimanche 27 septembre : stands de tartines, ateliers et démonstrations, conférences et débats. Et pour les gourmands, chacun de mes établissements valentinois proposera une tartine à la carte.