Après trois premiers services, comment vous sentez-vous ?
Je me sens super bien, j’ai l’impression de vivre un rêve. C’est comme si nous avions toujours été là… Tout s’enchaîne de manière fluide, naturelle. C’est extraordinaire !
Qu’est-ce qui vous a donné envie de déménager à Talloires ?
Avec Magali on voulait un endroit à nous où proposer une expérience globale. Avoir une maison où les gens vivent, se retrouvent, passent de bons moments. La partie hôtel était donc indispensable. Et puis à Val Thorens j’avais fait le tour de la question. 15 ans là-haut sans véritables saisons, la neige 6 mois de l’année, des grosses tempêtes… Je ressentais le besoin de ne plus être coupé du monde.
Vous quittez un lieu assez hostile pour un endroit calme et serein…
Tout est réuni pour être heureux ! Ce cadre naturel, cette douceur de vivre, c’est un vrai bonheur. Ça change aussi la donne en cuisine. En altitude, tous mes sabayons tranchaient par exemple… On reprend donc une vie normale.
C’est plus simple de cuisiner ici ?
Je ne dirais pas ça. Techniquement oui. Mais ce n’est pas plus facile. C’est juste plus naturel.
Pourquoi avoir conservé le nom l’Auberge du Père Bise ?
Ça a toujours été une évidence. Je ne suis que de passage, il y aura d’autres propriétaires. Cette maison doit continuer à vivre avec ou sans nous. Je veux ramener ce lieu au plus haut niveau, dans la continuité du passé, et en pensant aux générations futures. Demain, on pourra enlever le nom Jean Sulpice et en apposer un autre. L’Auberge du Père Bise restera toujours l’Auberge du Père Bise.
Reprendre une maison avec un passé prestigieux, ça met la pression ?
Je ne me mets pas la pression. Pourquoi est-ce que je me mettrais la pression ? Je suis dans un lieu qui me ressource, dans un endroit où je me sens chez moi. Bien sûr, en ce moment je suis noyé sous une énorme masse de travail mais lorsque je me lève le matin j’ai le sourire !
Qu’est-ce qui va vous manquer de Val Thorens ?
Peut-être pas grand-chose en fin de compte ! En tout cas, c’est un peu tôt pour le dire. Et puis je ne fonctionne pas comme ça. On a bien profité là-haut, maintenant c’est un nouveau chapitre. Mais c’est certain que les tempêtes de neige, déneiger la terrasse, préparer les repas de la crèche, amener mon fils à l’école en luge… Ces moments vont me manquer.
Qu’est-ce qui ne va pas vous manquer ?
L’été où la station est déserte, les tempêtes de neige qui m’empêchaient de me faire livrer les produits.
Le meilleur souvenir du déménagement ?
Mes équipes fières du projet, solidaires, combatives. J’ai ressenti beaucoup d’émotion en les voyant tous œuvrer avec envie et passion. Parce que ce projet c’est aussi le leur ! Je ne suis rien sans eux.
Et celui de l’emménagement ?
Je suis transporté par tous les messages, les fleurs et les attentions qu’on reçoit. Je n’ai jamais connu ça en 15 ans à Val Thorens. Ça fait tellement du bien, c’est tellement émouvant ! Je vis un rêve !
Qu’est-ce qui vous change le plus la vie ici ?
J’avais oublié la beauté du printemps ! Le bruit, les odeurs, c’est incroyable de redécouvrir ça. Ici j’ai des canards qui viennent me dire bonjour, je vois des écureuils, des lapins, j’écoute le chant des oiseaux. Je suis comme un enfant !
Val Thorens c’est fini ?
Le restaurant est à vendre… Mais pour l’instant rien n’est fait. Une chose est sûre, je veux me consacrer à 100 % à l’auberge. Si je retourne en montagne, ça sera d’une manière différente.