Meneur plutôt que suiveur, Florent Ladeyn est loin d’avoir les deux pieds dans le même sabot. Toujours à l’affût de nouvelles idées, c’est sans hésitation qu’il accepte de faire campagne pour nous et revêt, le temps d’une interview, le costume de candidat à la présidence de la République. Et toi, si tu étais président de la République, que ferais-tu ?

A&G | Le soir de ta victoire, dans quel établissement irais-tu fêter ton élection ?

Florent Ladeyn | Au Clamato (Paris 11), l’un des deux restaurants du chef Bertrand Grébaut, car ils ont un très bon champagne : Fidèle de Vouette et Sorbée.

A&G | Quelle serait la première loi que tu ferais voter ?

F.L. | Je surtaxerais tous les produits qui utilisent des substances nocives pour l’écologie et qui viennent de l’autre bout du monde.

A&G | Quel serait le premier message que tu adresserais à Donald Trump ?

F.L. | Je lui parlerais de réchauffement climatique et je lui conseillerais de prendre plusieurs heures pour lire les rapports réalisés par des scientifiques qui sont bien plus intelligents que lui et moi.

A&G | Quelle loi supprimerais-tu ?

F.L. | Je diminuerais le coût du travail et les impôts sur bénéfices afin de pouvoir partager davantage les gains avec mes équipes. À l’auberge, nous sommes responsables au niveau écologique et social et je voudrais aussi que nous le soyons davantage d’un point de vue économique.

Je décide de sortir la France du nucléaire et j’impose l’utilisation d’énergies renouvelables
Florent Ladeyn

A&G | Si tu peux accorder un passe-droit à un ami, lequel serait-il ?

F.L. | Si je suis président, peut-être que je serai ami avec Mick Jagger. Je lui accorderai alors ce dont il rêve sans doute depuis toujours : la nationalité française, pour faire un pied de nez aux Anglais.

A&G | Après plusieurs semaines d’écoutes, tu obtiens des enregistrements compromettants sur un ennemi. Qu’en ferais-tu ?

F.L. | Je pense que si tu es président, ton ennemi tu l’as déjà planté une première fois. Je garderais ces enregistrements au chaud au cas où il trouverait aussi quelque chose sur moi.

A&G | Quelle mesure ferais-tu passer grâce à l’article 49.3 ?

F.L. | Je décide de sortir la France du nucléaire et j’impose l’utilisation d’énergies renouvelables pour composer notre réseau national.

A&G | Quelle est la première personnalité que tu inviterais à dîner à l’Élysée ?

F.L. | Mick Jagger et Keith Richards ! Je ne leur demanderais pas un concert privé mais on échangerait simplement quelques mots autour d’un bon verre de vin ou d’une bonne bière.

A&G | Jacques Chirac, François Mitterrand, François Hollande sont tous de grands épicuriens. Quel chef choisirais-tu pour cuisiner pour toi ?

F.L. | J’imposerais à Guillaume Gomez (ndlr : actuel chef de l’Élysée) de prendre ma grand-mère au poste de chef exécutif afin qu’ils puissent me servir quelques seiches à la rouille. Mais une chose est sûre, je n’en proposerais pas à Kadhafi !

A&G | Lors de ton premier voyage officiel, dans quel pays aimerais-tu te rendre ?

F.L. | L’Islande car je pense que l’on a beaucoup à apprendre de ce peuple-là. Je suis impressionné par ces pays qui ont si peu d’habitants et qui arrivent à combiner à la fois modernité et traditions.

A&G | Quelle mesure mettrais-tu en place pour que la nourriture soit meilleure à la cantine ?

F.L. | J’obligerais les collectivités à cuisiner avec des produits frais et locaux à hauteur de 70 % et surtout, je leur en donnerais les moyens en accordant des formations et en augmentant par exemple le prix de revient par menu.

A&G | Si tu pouvais réformer le bac, quelle épreuve rajouterais-tu ou enlèverais-tu ?

F.L. | Je supprimerais les maths ! (Rires) Plus sérieusement, je réadapterais la formation que l’on a en anglais de manière à ce qu’elle soit plus adaptée à notre vie quotidienne. À l’époque, j’étais capable de disserter sur un poème du 18ème siècle mais je ne savais pas dire : « Mon assiette de haricots verts est dans le micro-ondes ». Je remettrais aussi des cours de travaux ménagers pour apprendre aux plus jeunes à cuisiner, jardiner ou travailler le bois.

A&G | Quelle mesure mettrais-tu en place pour que tous les Français puissent manger à leur faim ?

F.L. | Je récupérerais l’argent acquis grâce à la surtaxe des produits polluants pour le réinjecter dans les établissements scolaires et ainsi permettre, comme c’est le cas à Londres, à tous les enfants d’étudier le ventre plein grâce à la mise en place de petits-déjeuners gratuits dans les écoles.

A&G | Le made in France est à la mode. De quel produit emblématique ferais-tu un porte-drapeau ?

F.L. | Le pain car c’est un aliment qui rassemble les hommes partout dans le monde. Et s’il est réalisé avec des farines de variétés endémiques et du levain, il peut être très nourrissant.

A&G | Est-ce que tu légaliserais le cannabis ?

F.L. | Oui, parce que la répression ne fonctionne pas. La France est l’un des pays où l’on en consomme le plus malgré une peine des plus répressives. La légalisation permettrait à l’État de maîtriser ce que les gens fument, de démanteler tout un réseau de trafiquants et de remplir ses caisses.

A&G | N’étant pas local, serais-tu capable de faire un embargo sur le Nutella ?

F.L. | Je n’irais pas jusqu’à interdire mais je surtaxerais tellement le Nutella qu’il finirait par devenir un produit de luxe. Ce qui devrait pousser Ferrero à changer sa recette.

A&G | Enfin, peux-tu nous assurer que tu respecterais toutes tes promesses de campagne ?

F.L. | Je suis le genre de gars qui va au bout de ses idées même si ça me met en porte-à-faux et que ça m’oblige à faire une nuit blanche. Quoi qu’il arrive, je me dois de fournir un résultat car je me suis engagé.