Comme beaucoup, Yoann Conte s’en est pris quelques unes. Certaines plus douloureuses que d’autres. Aujourd’hui moins rebelle et plus posé, il est à même d’en distribuer, des claques. Sauf que les siennes sont culinaires et loin d’être déplaisantes.

Enfant, est-ce que vous étiez du genre tête à claques ?

Absolument ! Je n’écoutais pas, j’étais un gamin borné, hyperactif et rebelle. Si j’avais cette personne en face de moi aujourd’hui, je lui collerais une bonne claque !

Justement, vous en avez pris, des claques ?

Oui, un certain nombre ! Au sens propre comme au figuré. Mais plus que prendre des claques, ce qui compte c’est se relever.

Avez-vous déjà claqué la porte d’un travail ?

Jamais. Euhhhh, en fait si, une fois chez Veyrat mais je suis revenu. Je n’abandonne jamais.

En un claquement de doigts vous auriez envie de…

J’aimerais une Maison Bleue aboutie comme je l’ai rêvée à mes débuts ici. Un bistrot construit et déjà ouvert, les toitures entièrement rénovées… En 7 ans il y en a eu des changements et des travaux. Nous avons entrepris tellement de choses, mais il reste tant à faire… C’est sans fin !

Votre plus grosse claque culinaire ?

Chez Julien Dumas au Lucas Carton à Paris, chez Alexandre Mazzia à Marseille et chez Alexandre Couillon à La Marine à Noirmoutier. Au-delà des claques, ce sont de véritables rencontres, sincères, avec des jeunes passionnés… Des génies au talent immense. Ce qui me touche le plus ? Leur infinie générosité. En fait chez eux je m’abandonne. Je pose mon cerveau et je me laisse porter. Avec mon épouse on prend le temps de s’accorder des parenthèses, on ne le faisait pas vraiment avant. Une autre et dernière claque : l’Oustau de Baumanière aux Baux-de-Provence.

Y’a des claques qui se perdent, non ?

Oh oui ! Certains clients sont parfois assez durs avec nous une fois derrière leur ordinateur. Bien sûr, nous pouvons faire des erreurs et les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Mais il ne faut pas oublier qu’un restaurant c’est toute une équipe de travailleurs acharnés et passionnés. Payer un certain prix ne donne pas le droit de claquer des doigts et d’exiger tout et n’importe quoi. Il y a du bonheur partout pour qui veut bien le voir, alors apprenons à être heureux et à ne pas chercher la petite bête. Et puis s’il y a un problème, il suffit de le dire pour qu’on se fasse un plaisir d’y remédier.

Une envie de prendre vos cliques et vos claques ?

Là maintenant ? J’irais à l’Oustau de Baumanière pour faire plaisir à mon épouse Élodie.

La dernière fois où vous avez claqué du fric ?

En novembre dernier lors de notre voyage aux Seychelles.

Qu’est-ce qui vous fait claquer des dents ?

Pas grand-chose. Attendez, si, je sais ! Partir sans dire au revoir ! Parfois j’oublie de saluer un serveur et ça me rend vraiment mal à l’aise. Il y a aussi le symbole de la mort, dans un certain sens. L’autre nuit, j’ai fait un cauchemar atroce. Je roulais à toute allure, j’ai loupé un virage et dégringolé dans le vide. Je pleurais de ne pas avoir eu le temps de dire adieu à ma famille.

À qui avez-vous envie de claquer la bise ?

À Marc Veyrat. Pour faire mon mea culpa. On s’est dit pas mal de bêtises, il faut qu’on apprenne à se pardonner.