Qui dit Commissaire Générale de la Fête de la Gastronomie dit obligatoirement gourmande ?
Sophie Mise : Oui et c’est peu dire ! Chez moi c’est même une obsession !
D’où vient-elle ?
Je suis née dans une famille où le travail de la terre était au cœur de la vie de tous les jours. Je passais mon temps libre dans la ferme de mes grands parents, j’en garde d’innombrables souvenirs. Tout particulièrement la traite des vaches aux côtés de ma grand-mère. J’étais émerveillée par le beurre que je fabriquais avec elle. C’est un produit fascinant qui évolue selon les saisons, avec des teintes et des saveurs différentes. À la maison, nous récoltions nos propres fruits et légumes dans le potager et ma mère nous les préparait avec affection. Ces moments de partage à table sont inoubliables.
Qu’est-ce qui vous plait le plus dans la cuisine ?
Je suis une amoureuse des produits. Les couleurs, les matières, les sensations… Au marché j’effleure les haricots verts pour sentir le fin duvet sous mes doigts, je me penche pour sentir les odeurs. Qu’y a t-il de plus merveilleux que d’humer les arômes des huiles, du vin, des plats qui mijotent dans une casserole… Je suis fascinée par les sensations que peuvent procurer les produits !
Attachez-vous de l’importance à leur provenance ?
C’est primordial ! Lorsque j’achète un aliment, je veux connaître son histoire, d’où il vient, comment il est réalisé. Je suis curieuse et je pose beaucoup de questions aux artisans sur leur savoir-faire. Impossible d’envisager la cuisine autrement !
Comment définissez-vous la gastronomie ?
C’est le moment où l’on prend conscience que c’est bon. On accède aux plaisirs, aux émotions, d’un coup on se dit ‘waouh c’est tellement bon !’. À mon sens, la gastronomie est là où on veut bien la trouver. Aussi bien lorsque l’on croque dans un morceau de baguette en sortant du boulanger que dans un restaurant étoilé.
© DR
© DR
Chez vous, quels sont les plats que vous mitonnez ?
Les légumes par dessus tout. Je les associe pour réaliser des potages à toutes les sauces ! Plus long et fastidieux, mais tellement délicieux, je me régale à préparer le canard Apicius d’Alain Senderens. C’est un savant mélange de tout ce qui me fait fondre : les épices, le sucré salé, la viande mijotée…
Des adresses dont vous êtes accro ?
J’ai une tendresse particulière pour les créations de Philippe Conticini de la Pâtisserie des Rêves. Ce côté réconfortant, régressif, c’est absolument divin ! Sa tarte aux fruits noirs est exceptionnelle ! Et pourtant, je suis plus bec salé que sucré ! Pour les épices, je me rends dans une véritable caverne d’Ali Baba, chez Izraël dans le Marais.
Dans quels restaurants a t-on des chances de vous croiser ?
J’ai assez peu d’habitudes. Un soir j’ai envie d’une adresse esprit bistrot, un autre de quelque chose de plus gastronomique. J’adore Rino et sa cuisine franco-italienne, le dépouillement de Saturne mais aussi les grandes tables classiques comme Lasserre. On y vibre au rythme d’une beauté et d’un savoir-faire à la française sans égal. Je suis sensible aux lieux qui ont une âme, ils doivent raconter une histoire.
En tant qu’amatrice de légumes, êtes-vous sensible à la philosophie d’Alain Passard ?
Son univers me parle, me touche, me laisse sans voix. L’Arpège reste l’un de mes plus beaux moments de gastronomie. J’ai été comme envoutée, capturée le temps d’un repas. C’est ce qui est magique dans la cuisine, on se laisse aller aux mains du cuisinier, on est ailleurs…
Comment la gourmande insatiable est-elle devenue Commissaire Générale de la Fête de la gastronomie ?
C’est un mélange de chance et d’opportunités. Lorsque le projet de la Fête de la Gastronomie est né, je me suis tout simplement portée candidate pour le poste de Commissaire. Faire de ma passion mon métier, je ne pouvais pas rêver mieux.