René & Maxime Meilleur
© Arnaud Dauphin Photographie

Dans votre jeunesse vous étiez sportif de haut niveau, vous êtes aujourd’hui un chef deux étoiles. Quand avez-vous enfilé le tablier pour de bon ?

Maxime Meilleur : En 1996, je m’en rappellerais toujours, mon père m’a appelé pour que je donne un coup de main derrière les fourneaux afin de réaliser une crème anglaise.

Vous êtes, vous aussi, autodidacte…

Je n’ai jamais appris à cuisiner. Je me suis formé tout seul en cuisine aux côtés de mon père. Et c’est ça notre force à tous les deux !
Nous cuisinons avec notre cœur, pas avec des gestes acquis à l’école. Ce qui est certain, par contre, c’est que l’apprentissage à l’instinct demande plus de temps avant d’attirer les étoiles…

Vos créations sont-elles influencées par votre père ?

L’inspiration vient toute seule. Il n’y a qu’à écouter les gens du village, regarder autour de soi et se laisser porter par l’ambiance. Ca se fait naturellement.

Vous arrive-t-il de vous disputer avec votre père ?

Absolument jamais. Nous avons tellement l’habitude de bosser ensemble que l’on se parle peu, nous nous connaissons par cœur. Entre nous, il y a un respect hors-norme, à la hauteur de notre affection.

Faire une cuisine avec des produits locaux, c’est incontournable ?

Bien sûr ! Quand je suis en Corse j’ai envie de manger Corse, quand je suis en Bretagne c’est plateau de fruits de mer. A la Bouitte on se doit de proposer une cuisine majoritairement avec des produits de chez nous : fromages, charcuteries, herbes et autres poissons de lac. Vous trouverez aussi de la langoustine mais elle sera accommodée à notre terroir.

Votre terroir justement est le même que Yoann Conte, Emmanuel Renaut, Jean Sulpice, Laurent Petit, etc. Quelle est la signature « Meilleur » ?

Notre cuisine est taquine ! Chaque bouchée doit être différente de l’autre, le palais doit être séduit, surpris. On essaye même de cacher des éléments dans les plats. Les sensations sont multiples et propres à chaque convive selon la manière dont il déguste et s’approprie les saveurs. Ceci toujours dans une philosophie de simplicité, d’élégance et de pureté, à l’image de nos montagnes.

Dans l’esprit de cultiver le local, vous avez interprété votre version du macaron…

Il ne s’agit pas d’un macaron mais d’un Biscuiron® ! Les coques sont réalisées avec une base de biscuit de Savoie où l’on vient lover une ganache au milieu. Parce que faire un macaron ici à Saint-Martin de Belleville, ça n’a pas de sens !

Pourquoi ?

Parce que les meilleurs macarons sont à Paris, chez Pierre Hermé ! Grande fierté pour nous, il est descendu le goûter en mars dernier.

Nous cuisinons avec notre cœur, pas avec des gestes acquis à l’école.
Maxime Meilleur

Les étoiles sont-elles essentielles pour remplir un restaurant en montagne, au quotidien ?

Les étoiles ça amène du monde, bien que notre clientèle soit aujourd’hui composée de 80% d’habitués. Mais les étoiles sont à qui ? Pourquoi ? Finalement ce n’est pas ça qui compte. Ce qui est important c’est le plaisir partagé avec les convives. Est-ce qu’on prend moins de plaisir chez un maitre sushi au niveau – 2 d’une bouche de métro au Japon que tout en haut de la Tour Eiffel ? L’important c’est le plaisir et la générosité, quels qu’ils soient, où qu’ils soient.

Et la troisième étoile ?

Nous en possédons deux, c’est déjà bien. Comme je dis toujours : on en a chacun une !
Et si on décroche la troisième un jour, c’est que nous aurons été meilleurs que lorsque nous en avions deux !

Vous n’avez jamais eu envie d’ouvrir votre établissement ?

Pourquoi faire ? Je suis dans un palace moi ici.