Que ce soit au sein de l’un des plus anciens Fish & Chips de Londres ou bien dans les salons du chef Arnaud Lallement à l’Assiette Champenoise*** (Tinqueux), le champagne Krug continue d’inscrire son histoire commencée cent soixante-douze ans en arrière. De Paris à New York, Olivier Krug – 6ème génération à la tête de la prestigieuse maison de champagne – voyage à la conquête de nouvelles émotions. Si lui ne se souvient pas de son premier verre de Krug, les interlocuteurs qu’il rencontre en gardent un souvenir intarissable à l’image du chef rémois, pour qui cette cuvée raconte l’histoire de La Champagne, « dans un seul verre de Krug Grande Cuvée, certains vins peuvent être âgés de plus de vingt ans. C’est un véritable trésor pour notre région. » Fraîcheur des agrumes, douceur du miel, croquant des fruits secs, frétillement des bulles, scintillement de la robe, Krug brille par son élégance et son intensité. À quarante-quatre ans, Olivier Krug est le gardien de cette recette du succès élaborée par son aïeul, Joseph Krug. Tandis qu’aujourd’hui, bon nombre de grandes maisons de champagne manient l’art de l’assemblage pour créer leur propre cuvée, cette pratique paraissait totalement outrancière au début du XIXème siècle.
LA NAISSANCE D’UN RÊVE
Arrivé en Champagne dans les années 1830, Joseph découvre rapidement les méthodes de travail des vignerons champenois en intégrant la maison Jacquesson, l’une des plus grandes fabrique de l’époque. Après le décès de son fondateur, il vit les plus grandes années de sa vie en compagnie d’Adolphe Jacquesson qui deviendra alors son beau-frère. Après avoir parcouru le monde, il se pose des questions suite au retour d’une partie de ses admirateurs, frustrés de ne pas retrouver, dans leur champagne, le même degré de qualité chaque année. Comprenant que son audience souhaite un vin éblouissant à chaque gorgée, Joseph Krug propose alors à son acolyte de trouver une méthode permettant, quel que soit le climat, la meilleure expression du champagne. S’il comprend la demande de son partenaire, Jacquesson répond négativement car, à l’époque, pour les Champenois, le meilleur champagne provient d’un millésime, ce qui signifie par définition qu’il sera impossible d’obtenir la même typicité de vin d’une année sur l’autre. Obstiné, Joseph Krug plie bagage pour Reims et démarre sa première production en 1843 avec un objectif en tête, produire le champagne de ses rêves. Pour cela, il transcende les codes traditionnels pour se constituer une vague bibliothèque de vins de « réserve » qui serviront à recréer année après année un champagne riche et élégant. « Krug, c’est le rêve d’un homme qui avait compris que l’essence du champagne se situait dans le plaisir qu’il procurait. Personne n’ouvre une bouteille de champagne parce qu’il est bio, parce qu’il a été dégorgé à la pleine lune ou bien parce qu’il possède un certain pourcentage de pinot noir », nous confie l’actuel Président.
© Arnaud Dauphin Photographie
UN HERITAGE PRÉSERVÉ
Aujourd’hui encore, les consignes du fondateur sont respectées à la lettre par un homme, Eric Lebel. Chef de cave depuis plus de vingt ans, c’est lui qui règne sur le patrimoine de la maison en faisant respecter les valeurs transmises par le fondateur à travers un petit carnet rouge, stipulant « qu’on ne peut pas obtenir de bons vins sans y employer de bons éléments et des vins de bons crus. On a pu obtenir d’apparence de bonnes cuvées en employant des éléments et des crus moyens ou même médiocres mais ce sont des exceptions sur lesquelles il ne faut jamais compter, ou on risque de manquer son opération ou perdre sa réputation ». Pour cela, il parcourt les vignes, parcelle par parcelle, à la recherche d’un caractère ou d’une nuance qui saura faire la différence.
« Parfois, une parcelle est plus petite qu’un jardin. Aucune parcelle n’est favorisée l’une par rapport à l’autre », précise-t-il.
Afin de préserver au mieux l’essence de chacune d’entre elles, elles sont vinifiées séparément, dans des fûts en chêne d’abord, puis conservées dans des cuves en inox avant de savoir ou non si elles rejoindront l’assemblage pour la Grande Cuvée de l’année. En l’espace de cinq mois, ce sont près de 250 parcelles et 150 vins de « réserve » qui seront dégustés par Eric Lebel et ses sommeliers. Pour trancher, le chef de cave a sa propre méthode, un petit carnet noir sur lequel il note les remarques du comité de dégustation. Ce sont ainsi pas moins de cinq mille notes qui y sont répertoriées. D’année en année, la palette d’arômes change, il faut rééquilibrer les contrastes pour obtenir le tableau souhaité avec parfois quelques choix cornéliens, comme ce fut le cas il y a trois ans. Exceptionnelle pour la Champagne, l’année 2012 aurait dû donner un très beau millésime ; seulement voilà, la cuve de vin de « réserve » de 1996 arrivait à sec. Soucieux du futur, Eric Lebel préfère alors compléter sa réserve plutôt que de donner à Krug l’expression d’un très beau millésime. Une décision sage qui permet à Krug de produire sa cuvée star depuis 172 ans, sans interruption. Signature de la maison, Krug Grande Cuvée contient près de cent quarante-deux parcelles différentes étalées sur onze années – dont certaines peuvent atteindre plus de quinze ans d’âge.
© Arnaud Dauphin Photographie
© Arnaud Dauphin Photographie
UNE GORGÉE D’HISTOIRE
Si le souci du détail est l’une des clés de la réussite du nom, pour Olivier Krug, le succès de son champagne se révèle lors de sa dégustation : « un bon champagne est un champagne qui rafraîchit, possède un caractère, une intensité qui dure. C’est un peu comme une bonne musique, vous n’y prêtez pas attention et par la force des choses, vous vous demandez ce qu’il s’est passé. » élixir de jouvence pour Joseph II – qui vécut jusqu’à 97 ans –
ou péché mignon pour la chanteuse Madonna, la maison espère bien continuer à faire de son nectar l’expression la plus généreuse du et de la Champagne.
Plutôt champagne classique ou rosé ?
La sélection d’Olivier Krug
Krug Rosé
Pourquoi il l’aime Il faut cinq années de repos en cave pour que le pinot noir puisse révéler l’excentricité et la finesse de ses épices.
La recette Assemblage de pinot noir (59 %), chardonnay (33 %), pinot meunier (8%) et de plusieurs vintages allant de 2000 à 2006.
Robe Jaune pâle, reflets saumon
Arômes Cynorhodon, mûre, groseille, pivoine, poivre, pamplemousse rose.
En bouche Texture soyeuse, longues caudalies
Prix 239,95 €*
Dégustation Pigeon, pastilla, foie gras, viandes blanches
Krug Grande Cuvée
Pourquoi il l’aime Sortie de cave en 2013, cette édition est la 170ème cuvée de la maison Krug. Chaque année, Krug Grande Cuvée retransmet dans un seul verre l’expression la plus généreuse de la Champagne.
La recette 142 vins de 11 années différentes (le plus vieux : 1990 – le plus jeune : 2006)
Robe Jaune or
Arômes Noisette, nougat, sucre d’orge, agrumes, miel, amande, pain d’épices
En bouche Fraîcheur, vivacité, élégance
Prix 164,95 €*
Dégustation Truffe noire, turbot, cèpe,coquillages