Recevoir sa première étoile à 25 ans, quel effet ça fait ?
Rodolphe Pottier : C’est une récompense pour le travail accompli depuis de nombreuses années, surtout depuis un an et demi que j’ai mon restaurant. Nous nous donnons à fond tous les jours, nous essayons de nous surpasser. Être récompensé aussi rapidement, c’est gros !
Vous êtes donc tombé dans la cuisine très tôt ?
RP : Je suis dans la cuisine depuis l’âge de 11-12 ans, et vraiment depuis 14 ans. J’ai suivi un parcours solide puisque j’ai travaillé dans plusieurs restaurants 3 étoiles Michelin. J’ai toujours un peu baigné dans l’univers des guide, et je me suis toujours dit qu’un jour ce serait à mon tour d’y entrer, et ça se fait rapidement donc je suis content.
Vous êtes passé par des établissements prestigieux. Quels chefs vous ont inspiré ?
RP : Il y en a eu plusieurs. Là où j’ai vraiment appris le métier de cuisinier et la rigueur dans ce métier c’est au Bristol à Paris avec Eric Frechon. Ensuite, j’ai appris un peu plus la nouveauté avec Thierry Marx au Mandarin Oriental, Michel Bras à Laguiole. Chaque chef a sa personnalité, j’ai appris un peu chez eux et aujourd’hui j’essaie de retranscrire ma cuisine sans penser à ce que j’ai pu vivre avant. J’essaie de me démarquer avec ma cuisine.
Vous êtes aujourd’hui chef de votre restaurant. Quel est son histoire ?
RP : Mon grand frère et moi avons ouvert notre restaurant à Rouen, il y a un an et demi. Lui n’est pas du métier mais connait très bien le milieu parce qu’il a toujours fréquenté des restaurants gastronomiques. Il m’a suivi dans mon parcours, je lui ai fait découvrir des tables et il s’est toujours intéressé. Nous avions depuis longtemps le projet d’ouvrir quelque chose tous les deux, et ça s’est fait. Nous avons repris un restaurant et fait les travaux nous-même, un peu en catastrophe parce qu’il fallait vite ouvrir. Après c’est parti très vite : au bout de 3 semaines d’ouverture nous étions déjà complet ! Depuis l’ouverture, je crois que nous n’avons jamais eu de table de libre. Je suis assez fier de cela, parce qu’aujourd’hui ce n’est pas si facile.
Quel type de cuisine proposez-vous dans votre restaurant ?
RP : Une cuisine actuelle avec un renouvellement quotidien du menu et un gros travail sur le local. J’essaie de sourcer les meilleurs produits dans les environs. C’est une cuisine fraîche avec beaucoup de respect pour le produit. Il y a toujours deux ou trois éléments dans l’assiette, jamais de choses qui ne servent à rien et viennent en décoration, c’est quand même assez brut. Hier soir, par exemple, je faisais un pigeon au barbecue, mariné dans du miso avec du sucre pour obtenir une caramélisation à la cuisson. Nous servions ça avec des coings. C’est une cuisine d’instinct.
Cette étoile, c’est un tremplin pour de nouveaux projets ?
RP : C’est le début d’une nouvelle aventure pour moi ! Il y a eu l’ouverture du restaurant et aujourd’hui il y a la periode première étoile. Ça durera le temps qu’il faut, après il y aura une autre étape. Je le vis comme ça, par étape. Il va falloir maintenir le cap, parce qu’aujourd’hui nous avons une étoile mais il faut la solidifier et prouver que nous pouvons faire encore mieux derrière.