Entre le 15 octobre et le 1er janvier, joindre par téléphone un artisan chocolatier, ou tenter de discuter avec lui, dans sa boutique, pendant plus de 45 secondes, relève de l’exploit… C’est une période où, si les palais sont à la fête, ceux qui travaillent pour nos papilles vivent des moments passionnants, mais parfois cauchemardesques.

Ce sont des semaines cruciales où les ventes augmentent, en moyenne, de 21 % en novembre et de 65 %, à la veille de Noël et du jour de l’An. Les observateurs estiment qu’en près de 80 jours, ce sont plus de 34 000 tonnes qui sont achetées, puis immédiatement consommées. Les têtes de gondoles ainsi que les rayons des hypermarchés débordent alors de boîtes en tous genres, de pièces en chocolat, de papillotes que l’on place au pied du sapin, ou de reproductions du Père Noël. Certains consommateurs en glissent mécaniquement dans leurs paniers, mais les amateurs de vrais chocolats préfèrent se fournir dans une petite boutique où ils ont leurs habitudes. Ils l’ont souvent repérée parce qu’elle se trouve référencée dans le Guide des Croqueurs de Chocolat. Dans les vitrines réfrigérées, le choix est vaste et les nouveautés, peaufinées en laboratoire, sont nombreuses. Les créations aux mélanges subtils et parfois surprenants connaissent un certain succès, mais, à en croire les vendeuses, elles sont loin d’être aussi demandées que les classiques, noir ou lait, de la ganache au praliné, en passant par les orangettes et les truffes, parfois préférées aux bonbons de chocolat. La tradition de ce rush n’est pas aussi ancienne que certains pourraient l’imaginer. Il remonte au milieu des années 80, quand une nouvelle génération de chocolatiers a commencé à s’implanter d’abord à Paris, puis, petit à petit, dans toute la France. Ils ont brillamment assuré la relève de maisons ancestrales qui officiaient depuis la fin du XIXème siècle. Elles concurrençaient, à l’origine, une autre tradition française, encore plus lointaine, la bûche de Noël. Jadis, elle n’était pas en chocolat, mais en bois. On la coupait juste avant les fêtes, puis on la faisait brûler au retour de la Messe de minuit. Les cendres étaient ensuite soigneusement conservées dans une caisse. La légende assurait en effet qu’elles assuraient la protection de la maison. Le 25 décembre suivant, elles étaient dispersées dans l’âtre autour d’une nouvelle bûche. Une durée de conservation bien supérieure à celle des chocolats de Noël auxquels il est impossible de résister… / Texte Jacques Pessis – Président du Club des Croqueurs de Chocolat

Bernachon tablette palet or
Bernachon tablette palet or
© Bernachon

Du nouveau dans les tablettes !

Noir, lait, blanc, la traditionnelle trilogie de nos chocolats s’est enrichie de tablettes destinées à satisfaire nos nouvelles envies. Chez vos artisans préférés ou en magasin bio, aiguisez vos papilles avec les chocolats « de la fève à la tablette » (de l’anglais bean to bar). Elaborés artisanalement avec des fèves issues de terroirs ou de plantations renommés, ces chocolats de cru rivalisent en notes aromatiques avec de grands crus de vins. A vous de les déguster en prenant votre temps pour en apprécier les nuances fruitées, florales, épicées ! Testez les chocolats « crus » dont les fèves, très nature », ne sont pas torréfiées afin d’en préserver les atouts santé. Découvrez les chocolats « vegan » misant sur la douceur de poudre de riz, de lait de coco ou même de fruits en alternative au lait en poudre. / Texte Valentine Tibère,  Historienne chocolatologue